jeudi 20 septembre 2007

Les conditions de (sur)vie et de travail des artistes

  1. Le débat qui entoure les relations entre les artistes et les personnes et entreprises qui les exploitent (et vice versa) est parsemé de chausse-trappes. Dès qu’on mentionne « production », « autoproduction », « diffusion » ou quelque variation sur ces termes, on entre en terrain plus miné que les abords de Kandahar.
  2. À bien des égards, il s’est avéré que la Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma est un mauvais texte de loi. Exactement ce que décrivait Zappa quand il parlait de « laws […] badly written and randomly enforced ».

a. Pour ce qui est de « badly written », il suffit de voir le « flou artistique » du « législateur » qui fait qu’un producteur peut prétendre (avec succès) qu’il n’est pas un producteur sous prétexte qu’il se présente comme « diffuseur » [1]. Encore mieux : les termes de la merveilleuse loi permettent aussi à l’ADISQ de prétendre « en toute bonne foi » que les chefs d’orchestre ne sont pas des artistes… Ce mauvais texte a causé plus de préjudices aux artistes et à l’ensemble des artisans, travailleurs et travailleuses du domaine des arts, de la culture et des communications que les lois sur les élections aux porteuses de niqab. Mais comme il ne s’agit, après tout, que de l’industrie du divertissement, aucun élu, ni aucun membre de la « société civile » n’a manifesté l’intention d’en revoir le contenu. Et ce ne sont pas les « associations d’artistes » reconnues qui vont le faire : contrairement au Code du travail qui permet un tant soit peu la diversité syndicale, ce texte de loi garantit (un peu comme les lois qui encadrent l’agriculture) des monopoles, non pas syndicaux, mais corporatistes aux « premiers arrivés, premiers servis ». Pour ce qui est des artistes, il y a belle lurette qu’ils ont compris qu’il ne fallait pas parler de ces choses-là si on voulait continuer à travailler !

b. Quant au « randomly enforced », on peut le constater en lisant les inénarrables décisions de la CRAAAP et les décisions des tribunaux d’appel qui en ont été saisis.

  1. Dire que jadis, il existait, entre autres, une chose fort simple : un décret qui régissait les conditions de travail des musiciens dans la région de Montréal (oui, oui, comme pour l’entretien ménager, la coiffure, le verre plat et que sais-je encore : un décret, avec un comité paritaire, des inspecteurs et tout et tout…). Bien sûr, quelque chose de pas parfait, qui fonctionnait efficacement surtout pour les « gros » hôtels, cabarets, restaurants, etc… mais au moins quelque chose qui offrait aux artistes un minimum « automatique » de protection et de recours, avec une « vraie police » qu’on pouvait appeler quand le boss tirait un peu trop sur le spring.
  2. La «ligne officielle» des associations d'artistes (l'Union des artistes, la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec et les autres) est que la Loi est un outil dont elles peuvent se servir. À bien des égards, elles ont raison, selon le vieux principe, «if it ain't broke, don't fix it». Mais, comme disait mon (vrai) oncle Antoine, "Si l'égoïne est pas droite pis bien aiguisée, la meilleure main du monde va couper croche." Et ça, on ne s'en rend pas toujours compte tant qu'on n'a pas frappé un nœud.

[1] Souvenons-nous tous —et toutes— que la «marraine» de la loi, Mme Frulla ci-devant Hébert était issue du milieu des diffuseurs (dans son cas, la radiodiffusion), dont le texte de loi évite soigneusement de parler.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Good for people to know.