samedi 22 septembre 2007

COMMENT RÉFORMER UNE FOIS POUR TOUTES LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA

Un peu d'histoire...

La RCMP a été créée en 1920, de la fusion de la Royal North West Mounted Police (RNWP) et de la Dominion Police (DP).

La DP avait été mise sur pied dès 1868 afin d’assurer la sécurité du parlement du Canada (le Canada était alors un « dominion », d’où le nom de ce corps policier). Il est probable que la création de la DP s’inscrivait dans le contexte de la lutte à la « menace terroriste » de l’époque. On s’en souvient, un des arguments des « pères de la Confédération » était la nécessité de contrer la « menace » des Fenians qui militaient pour l’indépendance de l’Irlande. Ces préoccupations n’étaient pas sans fondement : le 7 avril 1868, Thomas D’Arcy McGee, l’un des « pères de la Confédération » qui était considéré comme renégat dans les cercles Fenian, fut assassiné en plein Ottawa. Patrick James Whelan, reconnu coupable du meurtre, était soupçonné d’être en cheville avec les réseaux des Fenians.

Quant à la RNWP, ses origines remontent à 1873. Il s’agissait essentiellement d’une unité paramilitaire. Organisée selon le modèle des régiments de cavalerie britanniques, son nom, à l’origine, était « North West Mounted Police » (NWP). Le mandat de la NWP était d’« assurer la paix » dans l’Ouest canadien afin de protéger les intérêts de la Hudson’s Bay Company, des compagnies ferroviaires, des promoteurs des « Selkirk settlements » et dautres entrepreneurs du même acabit .

Dès les origines de la « Force », la confusion des rôles régnait : le « commanding officer » de la NWP agissait aussi comme juge de paix !

Certains « faits d’armes » de la NWP au Canada sont bien connus, notamment la répression menée contre Riel et les métis en 1885. Mais on est moins au fait de ses aventures à l’étranger.

Par exemple, la NWP a fourni le gros des « Canadian Mounted Rifles » qui ont combattu pour les Britanniques en Afrique contre les Boers. C’est pour remercier la NWP de ses loyaux services lors de cette guerre que la couronne britannique lui conféra le titre de « Royal Northwest Mounted Police ».

Les hommes de la RNWP continuèrent de combattre pour l’empire britannique au cours de la guerre 14-18. Après la fin de la guerre, ils firent le coup de feu contre l’Armée rouge aux côtés des troupes de Wrangel en Sibérie. À la même époque, la RNWP s’illustrait au pays en jouant un rôle crucial dans la répression de la grève générale de Winnipeg en 1919.

Après la fusion de la Dominion Police et de la RNWP, la RCMP continua dans la même veine : ses hommes tuèrent trois grévistes à Estevan (Saskatchewan) en 1931, mirent fin brutalement à la marche sur Ottawa (la On-to-Ottawa trek) en 1935… et ainsi de suite.

Le zèle des Mounties dans la chasse aux « communistes » et aux organisateurs syndicaux était tout à fait comparable à celui de la Police provinciale de Maurice Duplessis qui ne se gênait pas pour tirer sur les grévistes à Louiseville et ailleurs.

La tradition de la RCMP en matière de torture et de comportements illégaux n’a rien de neuf : on tend à oublier qu’en 1964, le diplomate John Watkins, soupçonné à tort de travailler pour les services de renseignement soviétiques, a trouvé la mort au cours d’un interrogatoire « musclé » mené par les inquisiteurs de la « force ».

Ce qui reste

La RCMP demeure une « force paramilitaire » ; elle a toujours un statut équivalent à un « regiment of dragoons ». Les recrues sont encore aujourd’hui soumises à un entraînement et à un « endoctrinement ») de type militaire. Les façons de faire de la RCMP en matière de discipline ressemblent davantage à un système de justice militaire qu’aux régimes de relations du travail qui existent au sein des forces policières dites « civiles ».

Conclusion

Le bottom line ? La RCMP est absolument irréformable ; des commissions « royales » et autres ont essayé, des « correctifs » ont été, dit-on, apportés à certaines pratiques. Ainsi, à cause d’abus flagrants, on a retiré à la RCMP la cueillette de renseignements dits « de sécurité » pour la confier au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). La réalité, c’est que le SCRS a été formé à partir des « anciens » des services de renseignement de la RCMP… et que la « culture d’entreprise » n’a pas changé d’un iota.

Solution

Pas besoin d’être Jean-Paul Brodeur pour identifier la seule solution : dissoudre la « force » au plus vite. For sure, il y a des problèmes, notamment le fait que la RCMP agit comme « police provinciale » à travers le Canada, sauf au Québec et en Ontario. Il suffirait au gouvernement fédéral de retourner aux provinces l’argent épargné par l’abolition de la gendarmerie ; elles pourraient se doter de corps policiers « provinciaux ». Les installations, le matériel et tout le fourbi de la force (même les chevaux !) pourraient être réparties entre les provinces et les territoires selon leurs besoins. La sécurité du parlement d’Ottawa et des parlementaires pourrait être asurée par une « force » civile spécialisée. Quant à la sécurité des « installations fédérales » réparties a mare usque ad mari, il y a déjà le Corps canadien des commissionnaires et les agences privées qui font le travail… Pour ce qui est des représentants et représentantes de la Reine (gouvernante générale et consorts), les Forces armées y voient, comme il se doit.

Pour ce qui est du reste, il faudrait purger le SCRS et le Service canadien de renseignements criminels (SCRC) et les autres agences de la « mentalité RCMP », ou, mieux encore, mettre à la retraite tous les « vétérans » de la RCMP qui y sévissent encore.

Enfin, il faudrait rendre, de façon générale, les services de répression et de renseignement véritablement « imputables ». Ceci devrait s’étendre aux activités du Centre de sécurité des télécommunications du Canada (CST), des services de renseignement des Forces armées canadiennes… sans oublier leurs « collaborateurs » au sein des corps policiers provinciaux et municipaux.

Comme disait la poétesse, Bye bye, mon cowboy !

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