Le Québec souffre d’une crise d’identité qui n’a rien à voir avec les questionnements liés à l’immigration, la mondialisation ou que sais-je encore. Le Québec, le Québec du « nous » (comme ils disent) a de graves problèmes d’identité : il veut être gouverné à la fois par Colbert et par Bigot, par Duplessis et par Lesage, par Trudeau et par Lévesque. Il se reconnaît autant dans Pax Plante que dans Mom Boucher. On ne peut d’ailleurs s’attendre à autre chose d’une société dont l’idéologie s’est constituée à l’enseigne d’une historiographie qui fait rimer révolution avec Napoléon et qui continue à confondre ce qui est populiste et ce qui est populaire…
Il nous faut bien dresser un sévère constat général d’échec à propos de ce qu’ont ou n’ont pas accompli les baby-boomers québécois. On a beaucoup parlé, un peu écrit et surtout rien compris à propos de cette engeance. Certains ont semblé, jadis, faire un effort en ce sens : on pense aux diatribes à l’endroit des boomers lancées par Richard Martineau et quelques autres, ou encore aux invectives du Manifeste des Innommables ou d’Acceptation globale. Mais, somme toute, ces critiques n’eurent que bien peu d’impact. Aujourd’hui, Martineau est devenu une sorte d’Alain Dubuc, la mauvaise conscience post-trotskyste en moins. Pour leur part, les Innommables ont pris leur place (précaire certes, mais place tout de même) au panthéon de l’édition québécoise, tandis que les auteurs d’Acceptation globale fouettent d’autres chats. Personne n’a encore critiqué vraiment et en profondeur les boomers québécois et la veulerie de cette génération maudite (la mienne) dont le seul tour de force en a été un de taille : avoir réussi, contre toute attente, à ne pas faire l’indépendance du Québec.
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