vendredi 2 décembre 2011

Génération d'idées?... Ça génère en effet des idées... de cul!

Relevé dans le Voir d’hier quelques merveilleux fragments de texte attribués aux gens de « Génération d’idées ».

Une fois manipulé avec d’infinies précautions (pour éviter toute contagion) au moyen de mes brucelles hégéliennes, puis passé au fil de mon cher rasoir d’Occam, ça donne ceci :

« Les Sommets Génération d’idées […] s’inscrivent dans un long processus visant à déterminer […], bottom-up, des positions propres aux jeunes de 20 à 35 ans […]. »

Ça doit être beau ce qui se passe dans les chambres de motel, dans les suites d’hôtel, dans les toilettes et sous les tables lors de ces sommets ! Belle partie de jambes en l’air (probablement sur Air Transat, « gracieuseté » de François Legault) en perspective !

Sortez vos capotes, le KY pis le Purell pour avoir des « positions propres » quand vous êtes « bottom-up » !

Danger que Jean Foutu et Karma Prix manquent de stock !

Pourtant, il me semble que la plupart des 20-35 ans savent exactement quelles sont les positions propres à adopter en situation de « bottom-up ». Pas besoin pour eux d’un « long processus ».

Je crois aussi que la plupart des jeunes gens de 20 à 35 ans savent très bien comment éviter de se retrouver en situation de « bottom-up » s’ils (et elles) n’ont pas une propension à se faire passer où l’on sait le beurre,le doigt, l’aile et le bec et la tête, alouette !

Faudrait que les « mentors » et les « coachs » de Génération d’idées expliquent à leurs ouailles la différence entre YouTube et EnTube. Les deux peuvent être amusants, mais faut bien comprendre, apprécier et assumer les plaisirs, risques et conséquences de chacun.

C’est plus fort que moi, je deviens comme le père Shaw : je ne fais pas que penser à « ça », mais quand je pense, c’est à « ça » que je pense !

vendredi 18 novembre 2011

LE MONDE MUNICIPAL: POLITIQUE OU APOLITIQUE?

CORRESPONDANCE ADRESSÉE À MADAME ISABELLE PORTER DU DEVOIR

J'ai lu votre article de ce matin (http://www.ledevoir.com/politique/villes-et-regions/336374/le-monde-municipal-est-il-apolitique). J'ai aussi entendu l'une des auteures de l'ouvrage cité à la radio ce midi. En attendant de lire le pensum de mesdames Bherer et Breux, quelques notes:

1. Depuis des lustres, les élections municipales ont été une affaire de personnalités (on connaît nos icônes: Houde, Drapeau, Doré, Bourque... et aussi Sarto Fournier, Croteau « l'homme en blanc», la mairesse Boucher et sa robe Saint-Laurent, le maire Labeaume et sa moumoute, et tout et tout).

2. Le "réformisme" existe ici depuis longtemps: souvenons-nous de la "Ligue d'action civique" de Drapeau... et de ce que ça a donné.

3. Il me semble aussi que mesdames B&B ne savent pas faire la distinction entre les organisations politiques qui visent à former des gouvernements (à Ottawa et dans les provinces) et celles qui visent à s'installer au contrôle d'administrations locales (comme Québec ou Montréal, qui ne sont, comme aurait pu dire Séraphin Poudrier à son meilleur, que des "créatures" du gouvernement).

4. Les propos de Mme Bherer indiquent clairement qu'elle ne comprend pas grand chose à l'extrême "politisation partisane" (au sens "démocrate-vs-républicain") de la politique municipale aux États-Unis.

5. On pourra revenir sur la chose, mais le RCM (en tout cas, celui qui a porté "Golden John Doré" à la mairie n'était pas un parti "à caractère fortement idéologique", mais plutôt une coalition qui se voyait comme un "parti frère" du PQ (ou à tout le moins du PQ "tendance Gérald Godin"). dans une large mesure, il en a été de même, au niveau scolaire, pour le MÉMO.

6. Un peu de recherche démontrerait probablement que l'apparente "personnalisation" de la politique municipale n'est qu'une façade derrière laquelle on retrouve les mêmes vieux acteurs: ainsi à Montréal, les "bons vieux rouges", les "bons vieux bleus" et les "séparatistes raisonnables" ont formé des coalitions parfaitement interchangeables, chacune capable de ne pas gêner les gouvernements de Québec et d'Ottawa.

7. Un fait demeure. Le maire de Montréal est élu "dans la boîte" par plus d'électeurs que le chef du parti qui forme le gouvernement à Québec ou à Ottawa. Ce maire a pu, par le passé (on pense à Houde, Drapeau, Doré... et même à Bourque!) user de ce "mandat du peuple" pour forcer la main de Québec et même d'Ottawa. Mais aujourd'hui, les interventions plus ou moins concertées des officines politiques (tous partis confondus) de Québec et d'Ottawa font en sorte qu'il est impossible que, pour l'avenir prévisible (à moins d'un alignement des astres fort peu probable), le maire de Montréal ait un poids significatif dans le grand jeu de la balance des pouvoirs.

MONTRÉAL : L’AFFAIRE EST KETCHUP, LES BRETELLES CLAQUENT !

Un claquement de bretelles retentissant

Beau pétage de bretelles du bon maire Tremblay ici :

http://www.youtube.com/watch?v=rbd32XyVMy0&feature=player_embedded

Et moi qui pensais que la priorité, c’était la « ceinture verte » de Montréal… ben non, nono, la priorité c’est les bretelles et comment on peut se les péter !

Ça prend au moins des bretelles de police (comme celles des ci-devant Delorme et Duchesneau) pour se les péter autant. Si vous voulez vous procurer des bretelles adéquates, voir ici :

http://www.policesupplies.ca/produits_divers.htm.

L’affaire est ketchup : le rouge imaginaire

En fait, Tremblay et les autres vedettes de l’info-pub d’Oignon Montréal (ou est-ce « Oh ! Non ! Montréal ?) nous livrent un merveilleux message, assaisonné de cet accompagnement essentiel du « comfort food de chez nous » : le ketchup.

Ils ne devraient pas se gêner pour faire un peu de « placement de produit », par exemple :

· À Montréal, l’affaire est ketchup ! Tellement que Heinz (« 57 variétés de diversité ») ne fournit plus à la demande !

· À Montréal, l’affaire est ketchup ! Tellement qu’on croirait traverser la Mer rouge en traversant Sainte-Catherine ! Imaginez ci c’était du Red Bull comme à Québec !

Le rouge réel (le « gros rouge qui tache ») :

Tout cela est bel et bon, comme la vie décrite par Yvon Deschamps (« Ah que la vie est belle quand on n’y pense pas trop. »). Mais quand on y pense un peu (même « pas trop »), on sait que ce qui coule pour vrai à Montréal, c’est pas du ketchup « Le ketchup, c’est du fake », aurait dit Mad Dog).

Le vrai rouge qui coule à Montréal, c’est d’abord « l’encre rouge » au sens « comptable » de la chose :

  • L’encre rouge qui colore le bilan du Bixi.
  • L’encre rouge que tentent tant bien que mal d’éponger plusieurs « institutions culturelles ».
  • L’encre rouge qui force la vente de la caserne Letourneux.
  • L’encre rouge qui justifie les compressions budgétaires des arrondissements (fermeture de bibliothèques, réduction de services divers et ainsi de suite).
  • L’encre rouge qui force à chaque jour les commerces de proximité indépendants à fermer.
  • L’encre rouge des finances des ménages qui les forcent à s’exiler vers les banlieues.

Le vrai rouge, c’est aussi du vrai bon rouge sang. Deux images, pour faire court :

  • Le terrible rouge du sang des victimes de la police de Gérald Tremblay.
  • Le terrible sang des personnes tuées dans les guerres plus ou moins ouvertes que se mènent les mafias montréalaises et qui sont tolérées, provoquées ou encouragées par « nos » forces policières.

Disons la chose comme elle est

Tout cela est non seulement triste, mais parfaitement odieux. Plus odieux encore, c’est que personne ne dénonce cette terrible et évidente réalité d’une voix forte. Quand je parle de « voix forte », je pense évidemment à Cicéron, au vieil Hugo « tonnant de son exil », ou à I.F. Stone ou Gore Vidal dénonçant les exactions et vilenies de la république impériale washingtonienne.

Mais nous parlons ici des « affaires municipales » et de la corruption toute québécoise que nous ne connaissons que trop. Plaçant donc la barre moins haut. Je pense tout simplement à des voix comme celles de Pax Plante, de Gérard Fillion et de leurs semblables. Je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec le temps présent. Et c’est en vain que j’essaie de trouver dans ce qui grouille, grenouille et scribouille dans le temps présent où je suis forcé de vivre, ne fût-ce que l’ombre de Pax, de Gérard ou de leurs semblables. Mais ça, comme écrivait Kipling, « c’est une autre histoire ».

Autre histoire, autre jungle

La phrase de Kipling « c’est une autre histoire » apparaissait, je crois, à la fin du Livre de la jungle.

Parlons donc de jungle. Ici, les artistes tentent de survivre dans ce qu’on décrit souvent comme un « paysage culturel ». Justement, ce n’est pas un « paysage naturel », mais un paysage culturel, un village de Potemkine, un pays de Cocagne, une façade derrière laquelle pour peu qu’on sache manier la machette (ou même le très élémentaire rasoir d’Occam) on découvre une bien vilaine jungle d’intérêts privés.

Ces intérêts ne sont pas seulement « en des mains privées ». Ils ne sont pas simplement privés : ils sont essentiellement (on pourrait dire congénitalement), privés de toute espèce de sens, au sens fort du terme. La seule espèce de sens qu’ils connaissent, c’est le sens des « espèces sonnantes et trébuchantes ». Et ce sens n’en est pas un. On disait jadis que derrière chaque grand homme, il y avait une grande femme. Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’aujourd'hui, derrière chaque grand promoteur culturel, il y a un grand promoteur immobilier.

Dans la jungle de Mowgli, les loups étaient des loups qui hurlaient avec les loups, mais qui avaient de l’amour pour le petit homme. Dans la jungle néo-Hobbesienne des entrepreneurs culturels (il serait peut-être plus juste de parler d’un Jurassic Park hanté par des dinosaures paléo-capitalistes… faudra revenir là-dessus), l’artiste est un loup pour l’artiste. Pas surprenant qu’à force de se plier aux exigences de la « chasse au talent », tant d’artistes finissent… en carpettes !

De la chasse et de l’élevage : talent faisandé et faisan talentueux

Je pensais aussi, parlant de chasse au talent, au reportage sur l’élevage des faisans vu à L’Épicerie du 16 novembre… on pourrait facilement changer le discours de l’éleveur pour lui faire dire : « Ça prend 20 ans pour former un artiste prêt pour le marché ».

Facile de faire le parallèle. Monsieur Paul Desmarais invite ses ti-namis à la chasse aux faisans. Madame Jackie Desmarais invite ses tites-namies à la chasse aux talents.

Chacun son métier et les chasses seront bien gardées. Qui plus est, les rabatteurs (de faisans ou de talents) sont si habiles que les proies ne voient rien venir. Le temps de sortir de la ferme d’élevage (de faisans ou d’artistes), les proies, éblouies (par le soleil ou les feux de la rampe) sont déjà « dans le sac », alors même qu’elles croient sincèrement être libres des contraintes de la ferme et pouvoir enfin « voler de leur propres ailes ».

Dans le monde des Desmarais (et, par extension, dans celui de Gérald Tremblay, d’Alain Simard et tutti quanti), qui va en chasse ne perd jamais sa place, ou en tout cas, jamais pour longtemps. « Demandez-le à Carbonneau ! »… non : je veux dire « demandez-le à Labrecque ou à Lavallée !

vendredi 4 novembre 2011

MONSIEUR DANIEL LAMARRE RÉINVENTE LA GÉNÉTIQUE

Dans son texte publié dans La Presse du 2 novembre (« La créativité, notre atout : Montréal doit se donner un positionnement international fort »), M. Daniel Lamarre affirme que Montréal « possède un atout inestimable, inscrit dans son ADN : la créativité »

J’aimerais tout simplement que ce monsieur réponde à quelques questions.

  1. Si monsieur Lamarre utilise le vocable « Montréal » au sens propre (ville, région, etc.) :
    1. Sur quelles études scientifiques est fondée l’affirmation qu’une entité comme « Montréal » a un ADN ?
    2. Quels sont les protocoles cliniques pour déceler la présence ou la prévalence de la créativité dans l’ADN d’une entité (disons, Montréal) quand on la compare à une autre entité (disons, Toronto, Boston New York ou La Tuque) ?
  2. Si, par contre, monsieur Lamarre utilise le vocable « Montréal » au sens figuré (disons, « les habitants de Montréal ») :
    1. Comment a-t-on identifié le gêne de la créativité chez les individus de l’espèce homo sapiens ?
    2. Quelle est la répartition de ce gêne parmi les quelques milliards de spécimens d‘homo sapiens qui parsèment actuellement notre planète ?
    3. Comment a-t-on « testé » les habitants de Montréal pour la présence chez eux (et chez elles) d’un taux d’« ADN créatif » supérieur à, disons celui des habitants de Seattle, de Beijing ou de l’inévitable Saint-Élie-de-Caxton ?

Je soumets très humblement que la pierre angulaire de l’argumentaire du texte de monsieur Lamarre repose sur le postulat de l’existence de cet ADN à Montréal , et de l’« atout inestimable » qu’il constituerait pour ce même Montréal.

Monsieur Lamarre se doit de démontrer (science –fût-elle « simple science sociale »– à l’appui) l’existence de cet ADN et de ce qui en fait un « atout inestimable ».

Sinon, la réponse à la question posée par monsieur Lamarre à la fin de son texte (« Pourquoi ne pas se donner comme objectif de devenir la capitale mondiale de la créativité ? ») sera par trop évidente.

jeudi 1 septembre 2011

Flag, suite

Bon, tout le monde a vu...

Triste, triste...

vendredi 26 août 2011

Le « flag-sur-le-hood-du-cercueil »

(Vendredi 26 septembre)

J'ai eu violemment mal au ventre en voyant le cercueil de Layton recouvert de l'odieux "flag" canadien.

La famille (autant génétique que politique) de Layton aurait dû avoir eu un peu de jugement et de principes: Layton méritait un cercueil neutre, "avec pas de flag".

J'ai vécu (plus que bien d'autres, et plus que je peux le dire pour bien des raisons) la terreur imposée par le Canada sur le Québec au fil des ans, le tout "chapeauté" par ce maudit "flag". Je sais les abominations commises ici-même par les forces armées et autres du Canada qui toutes arboraient et arborent toujours fièrement le "flag". Je frémis toujours à la pensée de ce que les gens en Libye, en Afghanistan et ailleurs ont pu subir aux mains des forces et autres engeances qui sévissent là-bas "sous drapeau canadien", quand on sait ce que ces engeances ont fait et continuent de faire ici.

Tout ceci pour dire que j'ai pleuré comme un veau en voyant le catafalque... mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Juste parce que le "flag" occupait la première place.

Que les familles Layton-NPD aient accepté (ou peut-être même voulu) que le flag soit là me rend le NPD, ses pompes, ses oeuvres et toute sa sauce jaune orange bien indigeste.

Et, si jamais le "flag" était voulu dans le testament de Layton lui-même, je serai inconsolable, et pas content du tout de ceux et celles qui seront demeurés des "jackistes-par-delà-la-tombe".

Pour être encore plus clair: pour moi, voir le "flag", c'est comme pour un Juif voir le drapeau hitlérien.

"Last call" pour les laytonistes: que le flag ne soit pas là demain à la télé, lors des funérailles d’État !.

vendredi 19 août 2011

La révolution selon l'Institut: le voir, c'est le croire

Du site de l'Institut du Nouveau Monde...

L'École d'été... a été !

UNE INSERTION QUI FAIT MAL
On a inséré dans Le Déboire de ce matin une chose intitulée "Le Quotidien de l'École d'été". Il s'agit d'une sorte de pub pour un pseudo-événement organisé par l'entreprise de Michel Venne, l'Institut du Nouveau Monde. La prétention des gens de l'Institut n'a pas de bornes: "L'École d'été [...] offre sur un plateau d'argent [sic] la révolution créative à ses quelques centaines de participants [re-sic]."

UNE BELLE BROCHETTE: LA RÉVOLUTION SELON GAGARINE
Et on nous présente des gens comme Dominic Champagne et Charles-Mathieu Brunelle comme des "révolutionnaires"... créatifs, bien sûr.
Faut dire que, parmi les autres révolutionnaires invités à pérorer devant les participants, il y a des gens comme John Parisella, François Legault et Louise Beaudoin, qui sont tous, comme on le sait, dans leur prime jeunesse, en plus d'être de grands révolutionnaires... pourvu qu'on entende révolution au sens de Youri Gagarine: tourner en rond en attendant qu'on nous ramène à terre.

LA JEUNESSE VIEUX-JEU
Tout ceci, comme chantait Aznavourian, "au nom de la jeunesse": en effet, l'événement s'adresse "aux 15 à 35 ans".
Pour reprendre les mots de Wyndham Lewis: "A hundred things are done today in the divine name of Youth, that if they showed their true colors would be seen by rights to belong rather to old age". Voilà bien l'avenir qui nous attend: un Québec dirigé par des jeunes vieux (ou plus précisément, par des jeunes vieux-jeu: "faites vos vieux jeux, mesdames et messieurs, rien ne va plus!").
AH! LES COMMANDITES...
On comprend encore mieux le tout quand on regarde la liste des commanditaires (il faudrait peut-être plutôt parler de "souteneurs") de la chose: Rio Tinto Alcan, Alcoa, le Directeur général des élections, le Secrétariat général à la jeunesse du Québec (qui relève directement du bureau du premier ministre)... sans oublier la ville de Saguenay (et son inénarrable maire). Bon, c'est assez: qui s'assemble, se ressemble.

LA CHARCUTERIE RÉVOLUTIONNAIRE: TIENS, VOILÀ DU BOUDIN!
Ce qui est par-dessus tout répugnant, c'est le charcutage et saucissonnage de l'idée de révolution par ces gens-là: il y aurait une "révolution créative", une "révolution alimentaire", une "révolution des nouveaux médias", une "révolution de la participation citoyenne", une "révolution de l'économie sociale"...
Mao avait bien raison: la révolution n'est pas un dîner de gala... c'est un buffet chinois!



lundi 8 août 2011

Sage rappel

« Au lieu de gagner en intensité, l’exploitation et la domination capitalistes gagnent simplement en extension à mesure que s’accroît le capital, et avec lui le nombre de ses sujets. »

Le Capital, livre I

Vieux Québec et vieille France: quelques funérailles

Toujours en fouillant les archives: je n'étais vraiment pas heureux ce matin-là.

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4 octobre 2009

J’ai allumé le poste de TSF au réseau de la désinformation et j’ai eu un violent cri du cœur : non, non, non, non. Pas ça. Pas à l’église. Ben oui. Il a fallu se rendre à l’évidence : les funérailles de Pierre Falardeau avaient bel et bien lieu dans une église. Dans une église du diocèse du cardinal Turcotte. Et avec un Jésuite (et pas n’importe lequel : le révérend père Guy Paiement) comme officiant.

J’ai perdu la foi, et surtout la foi en l’Église apostolique, catholique et romaine il y a longtemps. Je visite les églises comme je visite les musées : comme des lieux de mémoire, même si les églises, comme les musées, ont souvent la mémoire davantage sélective que collective.

Je ne vais jamais à l’église pour les « offices religieux », sauf pour les funérailles d’amis très proches ou de membres de leur famille. Et à chaque fois je braille comme un veau quand on récite les mots du Pater Noster : « délivrez-nous du mal… ». À chaque fois, je me dis que s’il y avait un bon dieu, un dieu vraiment bon (« infiniment bon. infiniment aimable », comme on nous l’apprenait) juste à force d’entendre cette prière monter vers lui un milliard de fois par jour depuis au moins deux mille ans, il aurait fait quelque chose pour nous délivrer du mal. Mais ce n’est pas le cas. Ainsi soit-il.

J’étais allé aux funérailles d’Émile Boudreau, dans une église passablement « prolétaire » de Rosemont, si je me souviens bien. Pour Émile, je comprends qu'il y ait eu des funérailles "catholiques" : c’était un homme d’une autre génération que la mienne, d’une génération qui pouvait encore croire que l’Église pouvait être porteuse de justice.

J’étais aussi allé aux funérailles de Robert Lemieux, surtout parce que j’avais bien connu son frère. Et là aussi, rien de bien surprenant : quoi de plus normal qu’un brillant avocat, « premier de classe à McGill », même plus ou moins défroqué (ou plus précisément, « dé-togé »), ait des funérailles à l’église Notre-Dame de Grâce ?

J’étais allé, quelques années auparavant, aux funérailles du père de deux de mes amis irlandais. Il était mort à plus de quatre-vingt-dix ans. Il avait combattu les Britanniques, et aussi de Valera. Il avait fini par s’exiler ici. Je crois que, jusqu’à son dernier souffle, il a parlé en faveur de the struggle, cette lutte qu’il avait toujours supportée et aidé (très activement, m'a-t-on dit) à financer : homme paisible, bon père de famille, il était content quand les troupes britanniques en prenaient plein la gueule. Il avait pleuré la mort de Bobby Sands. Au fait... "je me souviens" : j’étais assis à une terrasse de la rue Saint-Laurent avec un de ses fils le lendemain de l’attentat contre les Horse Guards. Un passant s’arrête et dit au fils : « Tell your dad that I hate the British, but that he should leave the horses alone. ». De retour aux funérailles: à l’église, discrètement, au dernier rang, il y avait trois ou quatre « gros monsieurs », visiblement pas de la famille, mais visiblement irlandais. Si on avait été en Irlande, il est probable que des hard men qui leur auraient ressemblé auraient tiré des salves d’honneur au cimetière. Mais ça, c’est une autre histoire.

Revenons aux funérailles de Falardeau : totalement incongru, le spectacle. Je revoyais le Québec à genoux, le vieux Québec réuni autour de son clocher. Ce vieux Québec qui est patriote et rebelle comme la vieille France est résistante : pour la galerie. Comme aurait dit Maurice Vachon: "C'est du fake".

Terrible que Falardeau ait fini comme ça.

samedi 6 août 2011

J'aime la radio communautaire, mais pas partout.

Oui, j'aime la radio communautaire, surtout CIBL et aussi CPAM, et les autres qu'on entend sur le Web.
Mais je n'aime pas quand Radio-Canada (ou, comme on dit chez nous, "Radio-Ottawa") fait "plus pire" que la radio communautaire.
Des sommets (?) ont été atteints la fin de semaine dernière (30-31 juillet) sur la "Première chaîne", (à quelque chose comme "Perrin-sans-Perrin") où on nous faisait entendre un "demolition derby" de voitures miniatures, avec des cris de "enwouèye, varge dessus!" et autres éructations du genre, pendant plusieurs pénibles minutes.
On ne peut que frémir en pensant à ce qu'on entendra au "nonante-cinq virgule un" quand le virage vers la "Radio-Beauduin" sera complété. "Fume, c'est du belge!", comme ils disaient...
J'aurai toujours tendance à respecter l'édit du Sturmfuhrer Daniel-Dubois: "Ne blâmez jamais les Bédouins!"
Mais les Beauduin de ce monde ne sont pas des Bédouins! Ce sont des babouins... et ils sont au pouvoir. Comme quoi on est déjà sur la planète des singes.