mardi 2 octobre 2007

QUÉBEC, MONTRÉAL, OTTAWA : TRIANGLE INFERNAL, CERCLE VICIEUX

« Comme toutes ces villes sont, à leur origine, privées de liberté, rarement parviennent-elles à faire de grands progrès et à compter au nombre des grandes puissances »

— Machiavel, Discorsi, I, 1

« Mais je l'aime, ma ville qui se meurt.
Ce serait pas facile d'être ailleurs. »

— Pierre Flynn

Montréal : grandeur, décadence, tristesse et gaieté

Malgré tous les festivals plus ou moins artificiels qui la font (dit-on) vibrer (on a les vibrations —et, dirait probablement le doc Mailloux, les vibrateurs— qu'on peut !), Montréal est une ville profondément triste (André Boulerice me corrigerait certainement en soulignant que « son » village, au moins, est plutôt gai… même si j'y habite !).

Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : Montréal a été définitivement supplantée (malgré tout ce que ce qui grouille, grenouille et scribouille peut dire ou écrire) par Toronto comme métropole du Canada . Et disons aussi, d'entrée de jeu, que tous les discours à propos de la « métropole culturelle » ne sont que balivernes et billevesées (ce qu'on appelle communément de la bullshit).

Talkin' 'bout Toronto

Toronto a tout, tout, tout, à commencer par des montagnes de fric et une incroyable concentration de population et d'entreprises publiques et privées. Côté transport aérien, si on atterrit à l'aéroport des îles, on peut se rendre à pied au centre-ville ; quant à l'aéroport Pearson, on peut s'y rendre facilement en utilisant le transport en commun. Toronto a des « équipements culturels » infiniment supérieurs, en nombre, en variété et en qualité, à ce que l'on trouve à Montréal : théâtres publics ou privés, salles de concert, musées, galeries et tout et tout. La « Maison de Radio-Canada » du boulevard René-Lévesque a l'air d'une bécosse quand on la compare au CBC Broadcasting Centre de la rue Front . Il y a de la musique live dans une foule d'endroits (bars, restaurants et le reste) où le « prix d'admission » est largement inférieur à ce qui se pratique à Montréal.

Il y a beaucoup à dire à propos du retard de Toronto (et de l'Ontario en général) au plan du soutien aux artistes et des mesures sociales. Mais, ô surprise, il y a, entre autres choses, une coopérative d'habitation au beau milieu du Harbourfont (imaginez ça sur la rue de la Commune ou sur le canal Lachine !), dont la « mission » est d'offrir un logement abordable (il y en a plus d'une centaine) à des gens qui travaillent dans le domaine des arts. Meanwhile, à Montréal, on n'a pas encore réglé le cas de l'ex-Grover !

By the way, pour ce qui est de l'alimentation et de la gastronomie, « dollar pour dollar », on en a plus pour son argent à Toronto qu'à Montréal. Probablement parce que les règlements municipaux sont moins contraignants là-bas.

Et il n'y a pas seulement les restaurants. Parlons des marchés dits publics. Le marché jean-Talon ? Une joke, si on le compare au Kensington Market… dont presque toutes les échoppes seraient condamnées séance tenante et sans appel par les services de surveillance de la rectitude alimentaire qui sévissent à Montréal.

Autrement dit, pour fesser encore sur le clou (« Fesse ce que doi(g)t », comme ne disait pas tout à fait la devise qui n'apparaît plus en frontispice du Déboire), Montréal a été totalement, intégralement, irréversiblement et irrémédiablement supplantée par Toronto.

Que les entreprises Rozon menacent de délocaliser certaines de leurs activités à Toronto, c'est normal : à Toronto, il y a tout, sauf eux. C'est, comme aurait pu dire un de nos ancêtres normands, à la fois « grave et pas grave » : Montréal, alors qu'elle était capitale financière, a survécu (plus ou moins bien, mais survécu quand même) au « coup de la Brink's ». Elle saura certainement survivre aux menaces de coup de la Brink's culturel que brandissent Rozon et consorts.

Don't Let's look back

Comment comprendre le déclin de Montréal ? On a souvent accusé ses « gouvernements supérieurs » d'être responsables de cet état de choses. Comme nous le verrons, ils sont loin d'être innocents. Toutefois, ils ne sont pas les seuls responsables du déclin de Montréal. Prétendre le contraire, ce serait faire abstraction d'un facteur critique : l'ineptie historique des administrations montréalaises.

On l'a déjà dit : les hommes — et les femmes, d'ailleurs — sont très souvent les artisans de leur propre malheur. Ceci est particulièrement vrai des Montréalais (et des Montréalaises), lesquels ne cessent de blâmer les autres —et tout spécialement les gouvernements d'Ottawa et de Québec— pour les maux dont ils souffrent. Un regard sur l'histoire récente nous révèle une réalité bien différente ; Montréal a contribué à sa propre décadence en confiant sa destinée à des administrations comme celles de Drapeau, de Doré, de Bourque ou de Tremblay (sans oublier celles des ineffables Camilien Houde et Sarto Fournier).

Heart of Darkness

Malgré l'indéniable (et coupable) part de responsabilité des niveaux politiques dits supérieurs —si feu Pierre Trudeau et son copain Marc Lalonde n'avaient pas encouragé la démence paranoïaque de Drapeau en octobre 1970, si « Honest Bob » Bourassa n'avait pas cautionné l'orgie de dépenses olympiques de 1976, les choses auraient certes pu prendre un tournant fort différent— il n'en demeure pas moins que Montréal doit cesser de prétendre que « les autres » sont les grands responsables de sa décadence et de sa misère. Drapeau, Doré, Bourque et Tremblay n'ont pas été imposés « de main forte » aux Montréalais et aux Montréalaises par Duplessis, Lesage, Johnson, Bourassa, Lévesque, Trudeau ou Landry. Ils ont tous été élus « en bonne et due forme » par l'électorat montréalais qui marchait au pas sous la houlette de la « Patente » ou du backroom, selon l'époque. Les Montréal et les Montréalais doivent reconnaître et assumer la triste réalité : ils sont les premiers responsables de l'actuel état de choses, de la décadence de Montréal. Ils doivent admettre que les causes de leur déconfiture actuelle résident d'abord et avant tout chez eux.

Montréal métropole… au dix-neuvième siècle

Montréal était il y a longtemps —bien avant Expo 67 et avant même la proclamation de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique— une des villes les plus importantes du nord-est de l'Amérique (qu'on s'entende bien : je parle de l'Amérique « toutes catégories confondues », de l'ensemble de l'Amérique du Nord, qu'elle soit « britannique » ou non).

Souvenez-vous : on a livré plusieurs batailles pour Montréal (et pour Québec), mais aucune pour Toronto ou Ottawa (ci-devant Bytown). On l'oublie trop souvent : le cœur industriel de l'Amérique du Nord britannique, le berceau de sa révolution industrielle, ce n'était pas Hamilton ni Oshawa, mais les abords du canal Lachine.

Bien avant que Bay Street existe, la rue Saint-Jacques était le repaire principal des grands financiers de l'Amérique du Nord britannique. Même si les artistes d'aujourd'hui croient avoir inventé ab nihilo la culture québécoise, Montréal était un centre culturel de premier plan bien avant la construction de la Place des Arts, la création du ministère de la Culture et la mise sur pied des divers Conseils des arts.

En 1850, les gens de Toronto accusaient Montréal de monopoliser la richesse du dominion et de profiter indûment de la politique britannique de laisser-faire et de libre-échange . En 1871, alors que Montréal comptait déjà 100 000 habitants, Toronto était tout au plus un « oversized village dominated by men of narrow views » qui comptait tout juste 50 000 « âmes ».

Comment les avantages stratégiques disparaissent

Pendant longtemps, Montréal avait profité de sa situation géographique privilégiée pour s'affirmer comme métropole de l'Amérique du Nord britannique : située à la jonction du Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, à proximité immédiate de l'axe de commerce nord-sud constitué par le complexe hydrographique Richelieu-Hudson, elle était (surtout après le dragage du lac Saint-Pierre) le port le plus près du cœur du continent accessible aux navires de haute mer, le point de transbordement obligé entre la navigation océanique et celle des Grands lacs. De plus, d'importantes ressources hydrauliques (au sud de l'île, du côté de Lachine et au nord, aux abords du Sault-aux-Récollets) avaient favorisé l'implantation d'industries manufacturières.

Ces avantages stratégiques furent éventuellement grandement diminués par deux technologies :le chemin de fer et l'hydroélectricité. Pour des raisons évidentes, la construction du chemin de fer transcanadien rendit le canal de Lachine moins « incontournable ». Quant à l'hydroélectricité, elle permettait littéralement de transformer l'énergie hydraulique et de la transporter pratiquement n'importe où.

Enfin, les derniers avantages dont jouissait Montréal à cause de sa position géographique allaient être réduits à presque rien avec l'ouverture, à la fin des années cinquante, de la Voie maritime du Saint-Laurent. En effet, cette nouvelle voie navigable allait permettre aux navires océaniques de se rendre jusqu'aux ports des Grands lacs et causer des transformations majeures et catastrophiques du tissu socio-économique de Montréal.

That old man river…

Avec le recul, on peut résumer la chose en termes simples : « Quand le premier bateau a franchi les écluses de la Voie maritime, la prospérité est embarquée à bord et elle est partie pour Toronto. » Le drame de Montréal tient en grande partie à ce que les élites montréalaises de l'époque n'ont rien fait pour prévenir les coups et contrecoups de l'ouverture de la Voie maritime. Elles ont bêtement et béatement regardé le bateau passer, franchir les écluses et voguer vers son destin sur les flots bleus des Great Lakes. Elles n'ont pas protesté ; bien au contraire, elles ont célébré le départ du bateau. Il faut dire que nombreux étaient ceux qui, parmi l'establishment montréalais, avaient flairé la bonne affaire et avaient déjà commencé à déplacer leurs intérêts vers Toronto.

L'ouverture de la Voie maritime représentait le parachèvement de la dislocation des axes naturels de commerce qui reliaient Montréal au nord-est des États-Unis. Cette dislocation, qui était au cœur même du projet confédératif canadien , avait été entamée au dix-neuvième siècle par la construction du chemin de fer transcanadien. La supplantation de Montréal comme métropole du Canada est la conséquence directe —en fait, la condition même de la réalisation pleine et entière— du Canadian dream. Montréal a été la grande victime de la Confédération. Au fond, le cri de guerre des MacDonald, des Tupper, des McGee et des autres Maritimers et Upper Canadians était clair : delenda Montréal ! Il leur aura fallu plus de cent ans pour arriver à leurs fins, mais chez les anglicans et les presbytériens imbus des traditions du vieil empire britannique, on sait être patient.

En 1967, le Canada venait avec une belle impudence fêter son centenaire sur les « îles de l'Expo ». En réalité, il s'agissait d'un odieux pied de nez à cette ville qui, après avoir été lourdement mise à contribution pour assurer le développement de l'ensemble du Canada (pour ne pas parler du reste de l'Amérique, et notamment de l'immense arrière-pays qu'était le « territoire de la Louisiane » bradé aux Américains par Napoléon), était en train d'être reléguée, pour le plus grand plaisir (et le plus grand profit) des orangistes du Canada central, au rang de « second city ».

Montréal aurait pu, dès l'annonce des travaux de la Voie maritime dans les années 1950, préparer sa transition vers l'époque postindustrielle. Le mal était facile à diagnostiquer, les remèdes étaient déjà connus. Il aurait suffi de quelques décisions politiques un peu éclairées (la fusion des municipalités et des commissions scolaires de l'île, la nationalisation de l'université McGill et sa fusion avec l'université de Montréal), de quelques investissements stratégiques (dans le réseau routier, dans le transport en commun et dans l'éducation, par exemple) pour permettre à Montréal de conserver sa prééminence en tant que place financière, de même que son rôle central en matière de télécommunications, de transport aérien et de culture, et pour lui assurer une place dans le développement des nouvelles industries de pointe et de la future « économie du savoir ».

Évidemment, on ne pouvait pas s'attendre à de telles décisions avec Duplessis au pouvoir à Québec et les pauvres types que l'on sait à la mairie de Montréal. On aurait toutefois pu s'attendre à mieux de la part de « l'équipe du tonnerre » qui avait accouché de la Révolution tranquille. Mais qu'ont fait ces nouvelles élites, les précurseurs et maîtres à penser des smattes d'aujourd'hui, une fois au pouvoir ? Tout simplement, au lieu de prendre le taureau par les cornes et de doter rapidement la métropole vieillissante des pouvoirs, des politiques, des ressources et des infrastructures dont elle avait désespérément besoin, elles ont tout fait pour aggraver la situation.

Depuis la révolution tranquille, les jeunes louveteaux provinciaux ont dépensé sans compter pour faire de Québec la « capitale nationale », y construisant notamment l'infrastructure routière et les équipements culturels dont Montréal avait besoin. L'« équipe du tonnerre » de Lesage, de Lévesque, de Kierans et de Gérin-Lajoie aurait facilement pu « envoyer les bons signaux » pour le développement de Montréal, mais elle n'en a rien fait. De plus, sous prétexte que « quand le bâtiment va, tout va », les gouvernements successifs issus de la révolution tranquille ont adopté une foule de mesures et de programmes qui ont favorisé l'étalement urbain et la formation du « trou de beigne » montréalais. Les « gars de Québec » ont tout fait pour que Montréal redevienne la bourgade d'Hochelaga. Trop heureux de voir Montréal se couvrir de dettes, le gouvernement provincial de Québec ne se gênait pas pour donner son aval aux folles dépenses de Jean Drapeau, puis à diverses initiatives politiques et administratives plus que douteuses de messieurs Doré et Bourque.

John Flag

On se doit de porter un jugement spécialement sévère à l'endroit de monsieur Jean Drapeau. Ce dernier, ayant convaincu l'électorat montréalais (la « populace », comme il disait) que l'univers avait commencé avec lui, s'était inventé le mandat de « mettre Montréal sur la map ». Ainsi fut justifié un des plus splendides gaspillages d'argent public jamais vus, Expo 67.

On l'a vu, Montréal était déjà solidement « sur la map » et depuis longtemps. Au milieu des années soixante, il ne s'agissait pas pour Montréal de « se mettre sur la map », mais de s'y maintenir malgré les politiques fédérales de développement qui favorisaient depuis au moins un siècle le Upper Canada.

Pendant que Toronto bâtissait méthodiquement son infrastructure, et alors même que Montréal se faisait allègrement évacuer de la map des affaires par le Canada central, Drapeau et les autres smattes « bien de chez nous » nous convainquaient que ce que nous avions de mieux à faire, c'était d'organiser un gigantesque party au lieu de regarder la situation bien en face et de prendre les mesures qui s'imposaient pour relancer le développement de Montréal sur des bases solides. Pis encore : à peine dix ans plus tard, Drapeau récidivait avec les Jeux olympiques de 1976.

Jean qui rit, Jean qui pleure

Certains auteurs, et pas des moindres, ont jadis fait remarquer que l'histoire se jouait d'abord en tragédie et se répétait ensuite en comédie. L'histoire récente de Montréal innove en la matière : avec le recul, 1967 apparaît comme une douce comédie (on se réjouit encore à la mémoire de l'Expo et des parties de jambes en l'air de l'époque) alors que 1976 est un sombre drame (on n'a pas fini de pleurer sur le déficit olympique). Mais il faut souligner qu'Il n'ya pas eu solution de continuité entre les deux entreprises : les incroyables malversations de 1976 n'ont été possibles que parce que le système intégré
de procédure douteuse pour l'octroi de contrats, de tolérance envers les dépenses somptuaires et de banalisation de la corruption hérité de 1967 était encore en place : c'est pourquoi Drapeau et sa bande ont pu le réactiver en espérant qu'une fois de plus la « populace » n'y verrait que du feu.

On ne le répétera jamais trop : si elles ont été encouragées et utilisées à leurs propres fins par les potentats d'Ottawa, de Québec et de Toronto, les deux folies furieuses que furent Expo 67 et les Jeux olympiques de 1976 n'ont pas été imposées aux contribuables montréalais par Ottawa, Toronto ou Québec. Les Montréalais ont été parfaitement capables d'en prendre eux-mêmes l'initiative... par maires, conseillers, affairistes et backroom boys interposés. Il en va de même pour l'ensemble de la vie montréalaise.

Montréal n'a pas eu besoin des gouvernements dits supérieurs pour conclure des ententes ruineuses avec ses employés, et notamment avec ses policiers. Si Drapeau avait réagi face à la réelle menace que représentaient ses policiers comme il l'avait fait avec l'imaginaire menace du FLQ, les finances publiques auraient peut-être encore un certain bon sens : ce sont les ententes ruineuses avec les policiers de Montréal et le scandaleux manque de contrôle sur cette même police qui ont donné le coup d'envoi de l'escalade dans les coûts des services publics.

Montréal n'a pas non plus eu besoin des gouvernements dits supérieurs pour mal gérer l'ensemble de ses relations de travail, au point de provoquer le « week-end rouge », l'assaut des « cols bleus » contre l'hôtel de ville et tant d'autres épisodes semblables. Pareillement, ce ne sont pas les gouvernements prétendument supérieurs qui ont ordonné à Jean Doré et à Léa Cousineau de ne pas tenir de consultations publiques sur les questions de fond —les privatisations et la manière d'assurer le maintien de services publics universels, gratuits et de qualité— au lieu de le faire sur mille questions de détail et de discréditer ainsi la consultation alors même qu'ils ouvraient leurs antichambres —et leurs oreilles— aux partisans des privatisations. Non : ces snoros-là ont été assez ratoureux pour le faire eux-mêmes, sans même avoir besoin — pas plus que Houde, Drapeau et Sarto Fournier avant eux— de l'aide des wise guys de Bytown, de Toronto ou de Québec.

Du partage des responsabilités

Si les Montréalais et les Montréalaises sont, en principe, directement responsables du « verdict des urnes » lors des élections municipales, il ne faut pas minimiser l'influence que peuvent exercer les machines politiques fédérales et provinciales sur ces résultats. Montréal n'est d'ailleurs pas unique à ce chapitre.

Partout au Québec, la relation entre politique municipale, politique provinciale et politique fédérale est perverse et multiforme : le maire appuie ou non le député provincial qui appuie ou non le député fédéral qui appuie ou non le maire, et ainsi de suite, souvent de génération en génération. Cela déteint d'ailleurs de plus en plus sur d'autres niveaux d'administration et de gouvernance : commissions scolaires, conseils d'établissements scolaires ou de santé, et le reste et le reste…

Cela peut être fort distrayant dans une petite ville —ça donne de pittoresques scènes dignes des meilleurs moments de Don Camillo ou de Manon des sources—, mais c'est un luxe que Montréal, entre autres, n'a tout simplement pas les moyens de se payer. Il faut en finir une fois pour toutes avec la politique des bouts de rue et avec le maquignonnage électoral… surtout quand ces magouilles portent sur des projets aussi importants que le déménagement du Centre hospitalier universitaire de Montréal ou du Centre de santé de l'Université McGill .

Plusieurs, parmi la fine fleur de l'aristocratie politique fédérale et provinciale, devraient faire un sérieux mea culpa. Leurs fidèles « travailleurs —et travailleuses— d'élection », les machines électorales tant « rouges » que « bleues » qui ont sciemment et aveuglément contribué aux deux victoires psychotroniques de Pierre Bourque, puis à la prise du pouvoir par le ci-devant parfumeur Tremblay, portent une lourde responsabilité pour les gâchis présents et à venir.

On aurait pu croire que les patrons de ces machines auraient eu la décence de présenter des excuses... mais il n'est surtout pas dans la nature du backroom de reconnaître qu'il se trompe parfois (et qu'il nous trompe toujours). Au contraire, les backroom boys ne cessent d'en remettent, car ils ont trouvé une solution win-win : les travailleurs d'élection des partis fédéraux et provinciaux se mettent, selon le territoire, au service de n'importe quelle formation municipale, un peu selon les directives du député, un peu à la tête du client. C'est le triomphe de l'impartition et du need to know. Ainsi, les dettes électorales sont à sens unique : l'élu municipal « doit » aux autres, mais aucun parti fédéral ou provincial ne peut être accusé d'avoir favorisé un parti municipal plutôt qu'un autre.

L'aigle, le bœuf et l'âne

Le résultat de tout cela est aussi facile à constater qu'il est profondément navrant. Si le Québec vit, selon l'expression du stalinien repenti (tendance cambodgienne : chez ces gens-là, on est toujours très tendance !) Jean-François Lisée, « dans l'œil de l'aigle », Montréal est pour sa part sujette aux regards malveillants, inquisiteurs et concupiscents de deux paires (certains diraient un « quartette ») d'yeux assez torves merci : l'œil du castor (qui continue d'agrandir et de fortifier sa hutte en haut des rapides de Bytown) et l'œil du mouton (qui, en attente du petit Jésus annoncé et promis par Jean le Baptiste, crèche toujours avec ses compères le bœuf et l'âne près des Plaines du vieil Abraham).

La bataille qui visait à réduire Montréal (et qui s'est terminée par la victoire non équivoque de Toronto), c'était la poursuite, par d'autres moyens, de la guerre opiniâtre menée par l'Upper Canada pour écraser le Québec. Il faut dire que dans cette guerre, les Family compacts de Toronto et de Bytown ont toujours pu compter sur de puissants alliés : les élites du Québec dit profond, alliées aux Westmounters, aux Town of Mount-Royalers et autres West Islanders (dont les intérêts sont essentiellement Canadian) ; tout ce beau monde-là n'a jamais voulu d'un Montréal fort, pas plus que d'un Québec indépendant.

And the rest is history… comme ils disent.


2 commentaires:

Anonyme a dit…


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