Y’a des fois où il faut quand même écrire…
Dans la chronique de ce matin (La loi blanche), vous mentionnez les « Black Panthers, le célèbre groupe de militants afro-américains dont faisait partie Malcolm X ».
Malcolm X fut assassiné, comme on le sait (ou comme on devrait le savoir) en 1965 (en février, si je me souviens bien).
Quant au Black Panther Party for Self-Defense, (le « BPP », comme ses membres disaient souvent) il fut fondé en octobre 1966.
Donc, il est fort peu probable que Malcolm ait été membre du BPP, même si le BPP se réclamait sans cesse de lui et se référait constamment à ses écrits et discours.
La veuve de Malcolm, Betty Shabazz, a participé à certaines activités du BPP à la fin des années 60. Mais, si je me souviens bien, c’était surtout comme « célébrité » : les gens du BPP avaient en effet l’habitude de désigner bien des gens comme des « honorables » (comme Stokely Carmichael, qu’ils appelaient leur « honorary prime minister »).
Le BPP a été beaucoup de choses… et surtout un symbole. Certains « panthers » étaient, je crois, comme tant d’autres, assez honnêtement et désespérément à la recherche d’une voie qui leur aurait permis de poursuivre ce que Malcolm X avait entrepris ou symbolisé (je crois que c’était le cas, entre autres, de MasaÏ Hewitt, de Zayd Shakur et de quelques autres que j’ai assez connus pour me former une opinion à ce propos).
Il y a aussi eu des « cellules Black Panthers » qui étaient tout « purement » et simplement des « opérations » du FBI ou d’autres services policiers. C’était probablement le cas de la « cellule de Dallas » à laquelle certains felquistes avaient rendu visite à la veille des événements d’octobre.
Pour le reste, il semble certain que plusieurs membres du « chapitre fondateur » d’Oakland participaient, tout en mettant sur pied divers projets communautaires comme les « breakfast programs », à diverses activités dites criminelles. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le sujet, on ne saurait trop recommander la lecture de Bad : The Autobiography of James Carr (George Jackson avait dit de Carr : « Jimmy was the baddest motherfucker »). Carr en dit aussi pas mal long sur et aussi sur les dérives staliniennes du BPP. On y reconnaît d’ailleurs diverses dérives qui ont aussi affecté d’autres « mouvements de gauche », comme pourraient en témoigner, s’ils le voulaient, plusieurs personnages bien en vue et dont plusieurs de proclament « lucides ». À mon avis, ce petit livre est tout aussi must read que The Autobiography of Malcolm X (un de mes amis —blanc et Canadian, mais tout de même— grand maître de guitare jazz avait l’habitude de refuser d’enseigner quoi que ce soit à un élève qui n’avait pas lu le livre).
Bon… le lien avec le bling-bling, le commerce de la drogue et le reste ? Je ne sais pas, mais…
Malcolm, avant sa « conversion » à l’islam, était un important pusher (notamment pour divers jazz bands et non pas des moindres). Il ne s’en est jamais caché, mais il a toujours dénoncé ce type de criminalité (et, en général, tout ce que, sur un autre registre, Chester Himes et d’autres auteurs noirs, dénonçaient tout en l’illustrant).
Il n’y a pas que « bitch » et « hoe » dans le discours des rappeurs. Il y a aussi ce que disent (ou essaient de dire) les Public Enemy, ou ce que disaient les défunts Notorious B.I.G. et 2Pac Shakur (tiens, c’était le neveu de Zayd, lui-même décédé dans les circonstances dont certains se souviennent… ).
Pour ce qui est des gangs de rue, on peut lire avec intérêt (à cause de la recherche, qui révèle en quelques images asse frappantes merci le « modèle d’affaires » de ces entreprises et l’ampleur de l’aire géographique de leurs empires) et plaisir (à cause de la qualité de l’écriture) Tishomingo Blues d’Elmore Leonard. Et à bien (ou mal) y penser, il y aussi Hard Revolution de Pelecanos pour ne pas oublier le lien entre tout cela et les émeutes dites raciales de jadis.
Bon, on va mettre en ligne sur le playlist de ce soir Attica Blues de Shepp, Black Day in July de Lightfoot et pas mal de Prince, 2Pac, Mingus et Wu-Tang sur le shuffle-play.
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