vendredi 18 novembre 2011

MONTRÉAL : L’AFFAIRE EST KETCHUP, LES BRETELLES CLAQUENT !

Un claquement de bretelles retentissant

Beau pétage de bretelles du bon maire Tremblay ici :

http://www.youtube.com/watch?v=rbd32XyVMy0&feature=player_embedded

Et moi qui pensais que la priorité, c’était la « ceinture verte » de Montréal… ben non, nono, la priorité c’est les bretelles et comment on peut se les péter !

Ça prend au moins des bretelles de police (comme celles des ci-devant Delorme et Duchesneau) pour se les péter autant. Si vous voulez vous procurer des bretelles adéquates, voir ici :

http://www.policesupplies.ca/produits_divers.htm.

L’affaire est ketchup : le rouge imaginaire

En fait, Tremblay et les autres vedettes de l’info-pub d’Oignon Montréal (ou est-ce « Oh ! Non ! Montréal ?) nous livrent un merveilleux message, assaisonné de cet accompagnement essentiel du « comfort food de chez nous » : le ketchup.

Ils ne devraient pas se gêner pour faire un peu de « placement de produit », par exemple :

· À Montréal, l’affaire est ketchup ! Tellement que Heinz (« 57 variétés de diversité ») ne fournit plus à la demande !

· À Montréal, l’affaire est ketchup ! Tellement qu’on croirait traverser la Mer rouge en traversant Sainte-Catherine ! Imaginez ci c’était du Red Bull comme à Québec !

Le rouge réel (le « gros rouge qui tache ») :

Tout cela est bel et bon, comme la vie décrite par Yvon Deschamps (« Ah que la vie est belle quand on n’y pense pas trop. »). Mais quand on y pense un peu (même « pas trop »), on sait que ce qui coule pour vrai à Montréal, c’est pas du ketchup « Le ketchup, c’est du fake », aurait dit Mad Dog).

Le vrai rouge qui coule à Montréal, c’est d’abord « l’encre rouge » au sens « comptable » de la chose :

  • L’encre rouge qui colore le bilan du Bixi.
  • L’encre rouge que tentent tant bien que mal d’éponger plusieurs « institutions culturelles ».
  • L’encre rouge qui force la vente de la caserne Letourneux.
  • L’encre rouge qui justifie les compressions budgétaires des arrondissements (fermeture de bibliothèques, réduction de services divers et ainsi de suite).
  • L’encre rouge qui force à chaque jour les commerces de proximité indépendants à fermer.
  • L’encre rouge des finances des ménages qui les forcent à s’exiler vers les banlieues.

Le vrai rouge, c’est aussi du vrai bon rouge sang. Deux images, pour faire court :

  • Le terrible rouge du sang des victimes de la police de Gérald Tremblay.
  • Le terrible sang des personnes tuées dans les guerres plus ou moins ouvertes que se mènent les mafias montréalaises et qui sont tolérées, provoquées ou encouragées par « nos » forces policières.

Disons la chose comme elle est

Tout cela est non seulement triste, mais parfaitement odieux. Plus odieux encore, c’est que personne ne dénonce cette terrible et évidente réalité d’une voix forte. Quand je parle de « voix forte », je pense évidemment à Cicéron, au vieil Hugo « tonnant de son exil », ou à I.F. Stone ou Gore Vidal dénonçant les exactions et vilenies de la république impériale washingtonienne.

Mais nous parlons ici des « affaires municipales » et de la corruption toute québécoise que nous ne connaissons que trop. Plaçant donc la barre moins haut. Je pense tout simplement à des voix comme celles de Pax Plante, de Gérard Fillion et de leurs semblables. Je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec le temps présent. Et c’est en vain que j’essaie de trouver dans ce qui grouille, grenouille et scribouille dans le temps présent où je suis forcé de vivre, ne fût-ce que l’ombre de Pax, de Gérard ou de leurs semblables. Mais ça, comme écrivait Kipling, « c’est une autre histoire ».

Autre histoire, autre jungle

La phrase de Kipling « c’est une autre histoire » apparaissait, je crois, à la fin du Livre de la jungle.

Parlons donc de jungle. Ici, les artistes tentent de survivre dans ce qu’on décrit souvent comme un « paysage culturel ». Justement, ce n’est pas un « paysage naturel », mais un paysage culturel, un village de Potemkine, un pays de Cocagne, une façade derrière laquelle pour peu qu’on sache manier la machette (ou même le très élémentaire rasoir d’Occam) on découvre une bien vilaine jungle d’intérêts privés.

Ces intérêts ne sont pas seulement « en des mains privées ». Ils ne sont pas simplement privés : ils sont essentiellement (on pourrait dire congénitalement), privés de toute espèce de sens, au sens fort du terme. La seule espèce de sens qu’ils connaissent, c’est le sens des « espèces sonnantes et trébuchantes ». Et ce sens n’en est pas un. On disait jadis que derrière chaque grand homme, il y avait une grande femme. Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’aujourd'hui, derrière chaque grand promoteur culturel, il y a un grand promoteur immobilier.

Dans la jungle de Mowgli, les loups étaient des loups qui hurlaient avec les loups, mais qui avaient de l’amour pour le petit homme. Dans la jungle néo-Hobbesienne des entrepreneurs culturels (il serait peut-être plus juste de parler d’un Jurassic Park hanté par des dinosaures paléo-capitalistes… faudra revenir là-dessus), l’artiste est un loup pour l’artiste. Pas surprenant qu’à force de se plier aux exigences de la « chasse au talent », tant d’artistes finissent… en carpettes !

De la chasse et de l’élevage : talent faisandé et faisan talentueux

Je pensais aussi, parlant de chasse au talent, au reportage sur l’élevage des faisans vu à L’Épicerie du 16 novembre… on pourrait facilement changer le discours de l’éleveur pour lui faire dire : « Ça prend 20 ans pour former un artiste prêt pour le marché ».

Facile de faire le parallèle. Monsieur Paul Desmarais invite ses ti-namis à la chasse aux faisans. Madame Jackie Desmarais invite ses tites-namies à la chasse aux talents.

Chacun son métier et les chasses seront bien gardées. Qui plus est, les rabatteurs (de faisans ou de talents) sont si habiles que les proies ne voient rien venir. Le temps de sortir de la ferme d’élevage (de faisans ou d’artistes), les proies, éblouies (par le soleil ou les feux de la rampe) sont déjà « dans le sac », alors même qu’elles croient sincèrement être libres des contraintes de la ferme et pouvoir enfin « voler de leur propres ailes ».

Dans le monde des Desmarais (et, par extension, dans celui de Gérald Tremblay, d’Alain Simard et tutti quanti), qui va en chasse ne perd jamais sa place, ou en tout cas, jamais pour longtemps. « Demandez-le à Carbonneau ! »… non : je veux dire « demandez-le à Labrecque ou à Lavallée !

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