mercredi 23 juillet 2008

Nids d'hirondelles et miroir aux alouettes


 


 

Nombreux sont ceux (et celles, bien sûr) qui spéculent (c'est le mot !) sur l'impact de la présence à Pékin « de centaines, de milliers, de journalistes » à l'occasion des Coubertinades d'août 2008. Certains prédisent que cette présence provoquera une grande et magique « ouverture », qu'elle révélera plein de choses, qu'elle aura un effet « libérateur » sur l'Empire du Milieu, qu'elle intimidera les seigneurs de la nouvelle Cité interdite à tel point qu'ils relâcheront leur étreinte sur la « société civile » chinoise.

Pourtant, pas besoin d'être Nostradamus pour savoir ce que sera « l'impact journalistique ». Il suffit d'habiter, comme moi, dans ce qu'on appelle « la Cité des ondes »… autrement dit, dans le Centre-Sud de Montréal, aux abords des quartiers dits généraux de CBC/SRC, de TVA, de Global, de CTV/Globemedia, de Télé-Québec et de quelques autres entreprises de TSF.

Quand on habite le quartier, on sait ce qui arrive là où il y a, jour après jour, « des centaines de journalistes ».

En effet, des centaines de journalistes circulent chaque jour dans notre quartier… et on n'entend jamais un traître mot sur l'environnement immédiat de la « Cité des ondes », sauf en cas de bavure policière particulièrement grossière, de manifestation grave d'insatisfaction de la part de « résidants », ou quand une quelconque association de commerçants, la mairie d'arrondissement ou des organisateurs/trices de festival émettent des communiqués jovialistes.

Je me souviens encore d'un matin d'hiver où on ne pouvait pas même sortir chercher les journaux tellement le trottoir était gelé dur, et où les voitures se tamponnaient à qui mieux-mieux rue Sainte-Catherine sur la glace vive. À l'antenne, tous les chroniqueurs de trafic disaient qu'il n'y avait pas de problème…

On ne parlera pas non plus de l'absence quasi totale de « couverture » des opérations policières particulièrement violentes et à la limite de l'illégalité menées quotidiennement par les forces dites « de l'ordre » dans le secteur.

De même les centaines de journalistes de TVA, de TQc, de la SRC et de tout le reste ne diffusent jamais quoi que ce soit à propos des racketteurs qui sévissent dans le quartier et qui se présentent comme des « promoteurs immobiliers » et des « gestionnaires de restaurants ».

Facile de prévoir ce que nous offrirons les milliers de journalistes qui iront en mission à Pékin : une version mise à jour du Livre des merveilles de Marco Polo, la vidéo en plus et les gravures en moins.

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