On verra bien ce que dira le « rapport final » de la commission Bouchard-Taylor. Les fuites se multiplient depuis quelques jours.
Mais de fuite en fuite, on devine le sens général, l'ampleur et le caractère tragique de la dérive qui a emporté les coprésidents et leur équipe.
Il était pourtant assez facile de voir venir le coup. En effet, un poisson pourrit par la tête.
Parlons donc des têtes : « deux éminents intellectuels », nous dit-on partout…
Mais la réalité, c'est ceci : faute d'avoir réussi en politique, Taylor a fait une certaine carrière académique en faisant dire n'importe quoi à Hegel, ou plutôt, en disant n'importe quoi en se réclamant de Hegel. Ce dernier qui, lui, ne disait pas n'importe quoi, a eu une phrase qui pourrait très bien s'appliquer à Taylor : « En Amérique règne le plus incroyable déploiement de fabulations de toute sorte ».
Quant à Bouchard, il a dévoilé son peu de substance quand il a déclaré, au début de certaines séances de consultation, « La démocratie est un droit. ». Si les mots ont encore un sens, la démocratie n'est pas un droit, mais un système politique. C'est ce que disent tous les dictionnaires. La démocratie, un droit ?... What a Mistouk !, dirait un plus méchant que moi.
Dire que personne dans les médias n'a relevé cette grossière imbécillité. Mais au Québec, on sait qu'il convient de respecter les Bouchard, leurs pompes et leurs œuvres.
Dans le salmigondis idéologique des Bouchard et des Taylor, droits, libertés, valeurs, idées, abstractions, c'est du pareil au même. Dans leur discours, il ne faut surtout pas rappeler à qui que ce soit certaines banalités de base : par exemple, que la possibilité d'élire certaines des personnes qui nous gouvernent, la liberté d'expression et les autres « droits » dont on nous dit que nous jouissons, aussi limités et circonscrits soient-ils, ont été acquis de haute lutte. De toute évidence, contrairement à certains (et certaines) d'entre nous, ni Taylor ni Bouchard n'ont eu à se battre, et encore moins à subir quelques sévices que ce soit, pour quoi que ce soit.
Bouchard, Taylor et leurs conseillers (« the usual suspectsI », comme Claude Rains disait dans Casablanca : Weinstock, Fleury, McAndrew et consorts, tous ces pyromanes qui s'affairent à détourner les pompiers des vrais foyers d'incendie), dans leur aveuglement plus ou moins volontaire, prétendent faire souffler un doux zéphyr qui apaisera les tensions appréhendées dans un Bas-Canada qui, faute de se comprendre lui-même, ne sait ni comprendre les autres ni se faire comprendre d'eux.
Heureusement pour la paix dite sociale, Bouchard, Taylor, leurs sponsors et leurs acolytes ne récolteront pas de tempête (sauf de petites tempest in a teapot médiatiques), au moins pour maintenant. Pourtant, sous la braise, le feu couve, toujours présent, comme la grève sous les pavés. Le moindre zéphyr, s'il souffle un peu longtemps, peut raviver la flamme la plus apparemment insignifiante.
Certains diront certainement que la situation est complexe et qu'à l'impossible, nul n'est tenu.
Je leur rappellerai simplement et humblement la phrase de Fernand Braudel : « À l'impossible, tout intellectuel est tenu. »
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