lundi 7 avril 2008

Un autonomisme peut en cacher un autre

Qu'est-ce que l'autonomisme ?

Selon le dictionnaire (Le Robert, édition 2007) « autonomisme » signifie tout simplement « revendication d'autonomie ».

Toujours selon le dictionnaire, un autonomiste est un « partisan de l'autonomie en matière politique ». Les auteurs du Robert renvoient d'ailleurs le lecteur à « indépendantiste,
nationaliste,
sécessionniste,
séparatiste
» et citent comme exemples d'usage « autonomistes basques, corses ».

De dérive en dérive…

On le sait : monsieur Mario Dumont et ses joyeux lurons ont fait pas mal de millage en se proclamant « autonomistes ». Monsieur Dumont a répété à qui voulait (et même à qui ne voulait pas) l'entendre que l'« autonomisme » était une sorte de position mitoyenne entre le « séparatisme » et le « fédéralisme ».

Toutefois, un coreligionnaire de monsieur Dumont, monsieur Christian Lévesque, député de Lévis et « porte-parole de l'opposition officielle en matière de Conseil du trésor et d'administration gouvernementale » nous livrait récemment, dans le cadre des débats sur la politique budgétaire du gouvernement du Québec, un nouveau « spin » à propos de l'« autonomisme ».

Ces propos ont, comme ils disent, « passé sous le radar »… mais ça vaut vraiment le détour…

Bonne lecture… (TOUT est très, très, sic).

Extrait du Journal des débats de l'Assemblée nationale, jeudi 20 mars 2008 (Vol. 40 N° 63)

M. Christian Lévesque :

« On parle de changement, mais c'est difficile de faire du changement quand on continue à penser de la même façon. J'en ai déjà parlé dans le passé puis je vais revenir un petit peu là-dessus, le paternalisme versus l'autonomisme. La façon de gérer du gouvernement, ça ressemble… Je vais vous mettre un peu une image. Imaginez-vous un couple. Ma conjointe et moi, on est face à une décision. Le couple a deux façons de voir, soit la façon paternaliste ou soit la façon autonomiste.

Dans le cas de la façon paternaliste, on décide […] d'offrir une voiture à notre enfant. […] Alors, le couple paternaliste offre la voiture à sa fille en disant : Si tu as de la difficulté pour payer tes assurances, viens voir papa puis maman, on va t'aider. Si tu fais un accident, on va être là pour toi, on va tout te payer les dépenses, fais-toi-z-en pas. Si tu as besoin de gaz, papa est toujours là. Ce qui fait qu'on garde toujours le lien. Ça nous permet de poser des questions, de savoir… Tu es allée où hier soir ? Tu te promènes comment… Ta voiture, tu as fait combien de kilométrage cette semaine ? Tu le sais, c'est toi qui paies le gaz, c'est toi qui paies les assurances, c'est toi quand elle va au garage, qui sait c'est quoi, les petites affaires qui ont été faites.

Il y a l'autre façon de le voir, qui s'appelle la façon autonomiste, puis ça s'appelle la responsabilisation. Bien, cette façon-là, c'est d'offrir la même voiture… […] Parce que l'État est quand même généreux. On a la chance de vivre dans une belle province qui est le Québec, puis on est quand même un peu généreux. Alors, on offre cette même voiture là à la fille de 18 ans, mais, en l'offrant, on lui dit une chose : Ma fille, tu es rendue adulte, alors tu as la chance qu'on te fasse un beau cadeau. À partir de maintenant, quand tu vas avoir besoin d'essence, tu vas travailler pour, tu vas faire les efforts. Quand tu vas… Si tu fais un accident, c'est peut-être parce que tu n'auras pas vraiment pris la chance qu'on t'a donnée de t'offrir un véhicule. On va beaucoup plus loin, c'est qu'on responsabilise.

Bien, aujourd'hui, au gouvernement, on a de la difficulté à responsabiliser. Pourtant, on se barde d'avoir des grands conseils d'administration qui ont tous étudié qu'est-ce qu'était la bonne gouvernance, et tout ça, mais, à chaque fois qu'un conseil d'administration ici, au Québec, prend une décision, bien il faut qu'il y ait au moins six, sept, huit, 10 étages qui doivent revérifier, contrevérifier à chaque fois la décision. Est-ce qu'on est proche de la population ? Est-ce que ce qu'on nous avait dit, Briller parmi les meilleurs, de 2004, nous démontre aujourd'hui, avec le budget qu'on a reçu ― aujourd'hui, analysons-le ― qu'on est encore aussi proche de nos gens ? On est juste resté dans la même façon de penser paternaliste puis on n'a pas passé à l'autonomie. Mais on sait de quelle façon qu'on va pouvoir, un jour, y passer, à l'autonomie […], ce sera avec nous, ce sera avec l'ADQ. »

On ne saurait mieux dire…

Donc, pour résumer, l'« autonomisme » de l'ADQ, ce n'est pas tant une revendication d'autonomie face aux exactions du gouvernement d'Ottawa qu'un gonfanon sous lequel le parti essaie tant bien que mal de regrouper les purs et durs du « désengagement de l'État ».

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