jeudi 13 mars 2008

LES CERVEAUX LENTS DE KABOUL… D’OTTAWA ET D’AILLEURS


 

« Au-dessus de tous les pays occidentaux s'étend de façon de plus en plus pressante l'ombre de l'Afghanistan, théâtre même du naufrage occidental organisé selon une mise en scène tapageuse et dialectiquement prétentieuse, rythmée par un argumentaire moralisant dont les Occidentaux ont le secret. Cette « petite guerre » de type secondaire, sans perspectives militaires sinon celles, douteuses, que la guerre elle-même (l'intervention US initiale) a créées, sans guère d'utilité stratégique malgré les analyses pompeuses, sans aucun but politique malgré les théories des complotistes, sans aucune cohérence ni cohésion, cette guerre semble acquérir une dimension herculéenne pour devenir à la fois le défi stratégique qui se dresse devant l'« Ouest » dans son ensemble et le marécage monstrueux où s'enlise la puissance occidentale. »

De Defensa 

À propos du Canada et de son intervention en Afghanistan, ma religion est faite, comme on dit. Voici donc, pour ce que ça peut valoir, le fond de ma pensée (ou de ce qui en reste) sur cette triste affaire.

QUESTIONS DE PRINCIPE

Clarifions d'abord quelques questions de principe. Je suis, par réflexe autant que par conviction, pacifique. J'ai donc tendance à obéir à ce que mon instinct de survie ne cesse de me suggérer : mieux vaut vivre à genoux, même à plat ventre, que de se faire tuer pour du fric, des idées ou quoi que ce soit. Comme disait Brassens : « mourir pour des idées, mais de mort lente. »

Pourtant, je ne suis absolument pas pacifiste. Je sais qu'il faut parfois faire la guerre. Je sais que c'est au prix d'une guerre (et même de plusieurs) que l'Irlande, Israël, le Timor oriental et tant d'autres territoires sont devenus (pour le meilleur et pour le pire) des pays, que l'ANC a mis fin à l'apartheid et que les Vietnamiens ont fini par se débarrasser des Chinois, des Français et des Américains.

Je sais aussi que si l'Amérique britannique du Nord a aujourd'hui un « gouvernement responsable », c'est parce qu'une insurrection armée a, à la fin des années 1830, flanqué une peur bleue (pour ainsi dire) et quelques raclées aux forces de maintien de l'ordre coloniales. Je sais aussi que, si le Québec n'est toujours pas indépendant, c'est parce que les forces fédéralistes lui ont mené (et continuent de lui mener) une guerre odieuse, hypocrite, sans merci… et sans réplique.

Mais je sais aussi que la guerre, qu'elle soit juste, injuste, totale, limitée, froide, chaude, tiède, idéologique, économique ou autre, n'est jamais une affaire reluisante. Je n'aime donc pas que qui que ce soit se fasse tuer en obéissant plus ou moins aveuglément aux ordres d'un officier ou d'un sous-officier quel qu'il (ou qu'elle) soit, où que ce soit. Je n'aime pas les entités qui obligent les gens à porter des uniformes : ça vaut aussi bien pour les équipes de soccer, de hockey, de volley-ball de plage ou de rugby que pour les armées. Le cas échéant, pour une juste cause, je ferais comme Sorge, Philby, Trepper ou d'autres : je risquerais ma vie et bien d'autres choses, mais surtout pas en uniforme.

Cela dit, je déteste qu'on envoie des jeunes (et moins jeunes) personnes se faire tuer à des milliers de kilomètres de chez elles. Je n'aime pas non plus qu'un état-major impose à ces jeunes (et moins jeunes) personnes les rigueurs d'un régime de camps où le bonheur suprême consiste à se nourrir des concoctions de Tim Horton's, de McDonald's et d'autres cochonneries malsaines et malodorantes du genre.

Donc, ne fût-ce que pour préserver la vie de jeunes (et moins jeunes) Canadiens et pour promouvoir de « saines habitudes alimentaires » (comme ils disent dans les milieux de la santé et des services sociaux) au sein de ce groupe, il n'y a qu'une chose à faire : rapatrier au plus vite le contingent.

Voilà pour les principes. Mais, comme nous allons voir, il y a plus.

LA DÉFENESTRATION DU BON SENS

Tout d'abord, il y a des arguments de gros bon sens « économique » qui militent en faveur d'un retrait immédiat (et si c'était possible, rétroactif) du contingent canadien. En effet, l'équilibre des finances dites publiques est sérieusement menacé par la détérioration de la conjoncture.

La « mission » coûte cher, toujours plus cher et de plus en plus cher. De plus, il faudra continuer à payer les pots cassés longtemps après que les forces canadiennes, comme toutes les autres forces qui ont tenté d'occuper l'Afghanistan avant elles, auront quitté plus ou moins honteusement le théâtre des opérations : il faudra prendre soin des invalides, des malades et autres « vétérans », sans oublier les conjoints (de tous les sexes) des soldats qui seront tous (et toutes) morts en vain . Donc, du strict point de vue budgétaire, la conclusion est la même que la précédente : il faut rapatrier le contingent au plus vite.

Autre argument de gros bon sens : tout ce beau et fringant monde-là (on ne cesse de nous dire et de montrer combien les gens des forces sont bien formés, habitués à opérer « sous pression », « motivées », « dévoués » et tout et tout) pourrait être utilisé à des tâches urgentes comme la réfection des infrastructures, la décontamination des « terrains bruns », la construction et l'entretien d'hôpitaux et tant d'autres choses dont les Canadiens ont tant besoin. De même, les médecins et infirmiers militaires pourraient être mis au service du système public de santé, ou recyclés comme « premiers répondants ». On pourrait aussi réaffecter les troupes actuellement engagées en Afghanistan à des missions pas mal moins « sales » et pas mal plus utiles, en Haïti, au Darfour et ailleurs.

Tout cela tombe sous le sens. Mais il y a longtemps que le gouvernement du Canada, comme celui des États-Unis, a balancé la notion de bon sens par la fenêtre.

LE NERF DE LA GUERRE DES NERFS : LA PROPAGANDE

Toute une armée de « faiseurs d'opinion » s'emploie à détourner notre regard de la futilité de la mission afghane. Ces gens essaient de nous faire croire que « la mission » est une sorte d'entreprise à caractère humanitaire et civilisateur. Heureusement, certains disent parfois la vérité.

Par exemple (on devrait s'en souvenir), l'ineffable secrétaire de la « défense » des USA, Robert Gates, rappelait en janvier 2008 la véritable nature de la « mission afghane » : il s'agit d'une mission de « counterinsurgency » pour laquelle les soldats canadiens sont mal préparés. Pas question pour Gates (qui, en principe, sait de quoi il parle) de reconstruction, de pacification, de stabilisation, d'éducation ou de féminisation de quoi que ce soit. Il s'agit de faire tout simplement, d'abord et avant tout, la lutte aux insurgés d'Afghanistan .

De même, toujours en janvier 2008, l'honorable John Manley, présentant le rapport de son « panel indépendant  », a souligné l'urgence que les « alliés » envoient en Afghanistan un « battle group » d'un millier de soldats. À ce que l'on sache, la mission d'un battle group n'est pas de livrer des services à la population. Son nom le dit : un battle group livre… bataille.

Mieux encore : le général Rick Hillier, le chief of defence staff du Canada, confirmait, au retour de ses vacances le 1er février 2008 que les militaires canadiens ne peuvent pas demeurer dans le sud de l'Afghanistan sans être impliqués dans des missions de combat. Le même Hillier est d'ailleurs allé plus loin fin février en sommant les parlementaires canadiens d'approuver au plus vite la reconduction de la mission de combat des forces engagées en Afghanistan 

RÉSUMÉ DES TÉMOIGNAGES

Pour résumer les propos de ces gens bons, les battle groups de l'armée canadienne en Afghanistan mènent une guerre de contre-insurrection et devront, aussi longtemps que durera leur « mission », livrer combat. Mille mercis pour la clarté, messieurs Gates, Manley et Hillier : la soldatesque canadienne est bel et bien engagée dans une mission de combat, une mission dont l'objectif est de tuer des gens, de traquer des personnes plus ou moins bien identifiées comme insurgées et, à défaut de les éliminer physiquement « in the heat of battle », de les livrer aux mains de tortionnaires et de tribunaux d'exception.

Tout le reste n'est que maquillage et diversion. Balivernes et billevesées, comme on disait jadis. Smoke and mirrors, comme ils disent dans les pays de l'anglophonie. Marketing et branding, comme on dit dans le demi-monde du spin et des buzzwords de toute sorte.

La supposée « mission » éducative et civilisatrice, la prétendue mise en place d'un système « démocratique », tout cela n'est que de la frime, un très mince glaçage sur un gâteau fort peu ragoûtant. L'engeance bien-pensante du Canada nous dit n'importe quoi quand elle nous parle de développement, de construction d'écoles, de mise sur pied de radios communautaires, et le reste et le reste.

SUS AUX SOPHISMES NÉO-HITLÉRIENS  !

Sophisme néo-hitlérien 1 : « Il faut soutenir les troupes. »

Certains prétendent qu'on ne peut pas retirer les forces canadiennes de l'Afghanistan parce qu'un tel retrait équivaudrait à dire aux militaires qui s'y sont fait tuer, blesser ou tout simplement suer qu'ils ont fait cela en vain et en pure perte. Justement : c'est, entre autres choses, pour cela qu'il faut de toute urgence « tirer la plug » sur les opérations en Afghanistan.

Les élus, toutes couleurs confondues, qui ont voté (deux fois plutôt qu'une) pour l'envoi, puis pour le maintien de troupes en Afghanistan doivent humblement admettre qu'ils ont envoyé des soldats au front sous des prétextes plus que fallacieux, pour faire plaisir à des alliés aux motifs plus que suspects. Ils (et elles) doivent dire à l'armée qu'elle doit rentrer au bercail. Ils (et elles) doivent dire aux jeunes (et moins jeunes) gens qu'ils (et elles) ont envoyés à la boucherie ou à l'infirmerie, ainsi qu'à leurs proches, que c'était pour rien. Les faiseurs et faiseuses d'opinion et tous les journalistes-propagandistes plus ou moins embedded qui n'ont fait que la défense et l'illustration de « la mission » doivent aussi avouer qu'ils ont honteusement menti.

Et voilà bien un sophisme hitlérien. On devrait s'en souvenir, il s'agit du même argument servi par Goebbels aux Allemands après Stalingrad : il faut être fidèle aux troupes.

Sophisme néo-hitlérien numéro 2 : « Il faut rester pour le bien des Afghans et (surtout) des Afghanes. »

D'autres nous disent que les militaires canadiens (et autres) doivent rester en Afghanistan pour « finir la mission ». Pour eux (et elles), « la mission » a un caractère mythique : il s'agirait d'une croisade pour libérer les femmes du joug talibanesque, de la burqa  et d'Allah sait quoi d'autre.

Voilà un autre sophisme hitlérien de la plus belle eau. Souvenez-vous : en 1938, Hitler et son bund of brothers justifiaient leur invasion de la Tchécoslovaquie en disant aux Allemands (et au reste du monde) qu'il fallait « y aller » en raison des sévices dont leurs « frères sudètes » étaient supposément victimes. C'est on ne peut plus clair : les femmes afghanes sont les Sudètes des années 2000. Les bien-pensants (et bien-pensantes) qui croient que c'est en mettant l'Afghanistan à feu et à sac qu'on va améliorer le sort des femmes afghanes feraient bien de se souvenir de ce qui arriva aux Sudètes pendant la guerre… et après 1945.

TOO LATE, THE HERO !

Qui plus est, il est un peu tard pour s'apitoyer sur le sort des Afghanes. Les bien-pensants auraient pu dénoncer cela à l'époque (pas si lointaine) où les men who would be kings (Reagan, Bush I et Clinton I) finançaient (directement ou par Pakistan interposé) la prise du pouvoir par les Talibans et soutenaient leur régime en toute connaissance de cause, en sachant fort bien ce que le mollah Omar, le commandant Massoud et tous leurs joyeux copains avaient en tête pour l'avenir de l'Afghanistan, notamment au chapitre des droits des femmes (et de tout les Afghans, d'ailleurs).

LES ÉNERVÉS DE LA SÉCURITÉ NATIONALE

Par-dessus tout, il y a les énervés de la sécurité nationale qui nous répètent que si l'intervention canadienne en Afghanistan devait se terminer, « les terroristes » seraient à nos portes en un rien de temps et viendraient jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, comme le dit la chanson. On connaît bien la solution qu'ils (et elles) prônent : encore plus de soldats, d'hélicoptères, et d'armes de plus en plus sophistiquées et de plus en plus puissantes.

Bien sûr, les « alliés afghans » de l'OTAN, Karzai et les autres, renchérissent : ils ne pourront jamais « contrôler la situation » si on ne leur donne pas des hélicoptères, des armes, des drones, des fils à couper le beurre et des cordes à virer le vent. Ils ne pourront pas non plus le faire si les experts de l'OTAN ne forment pas, à grands frais, leurs « forces de sécurité ».

En clair : il faudrait, selon Karzai et consorts, que le Canada et les autres « alliés » fassent pour eux ce que les USA ont fait pour les Talibans. Or, on sait à quoi ont servi (et servent encore) les merveilleux lance-roquettes, le merveilleux C-4 , les merveilleux détonateurs, les très utiles hight-vision goggles et tous les autres éléments de quincaillerie si généreusement distribués jadis aux seigneurs de guerre par les operatives américains. On sait aussi (au moins depuis l'époque de la Grèce des colonels et de l'Argentine des généraux) à quoi sert la formation dispensée par les forces policières « étrangères » : à former des meilleurs tortionnaires, des meilleurs chefs de guerre, des meilleurs fabricants de bombes, et le reste et le reste.

LES VIRTUALISTES

Enfin, derrière les bien-pensants, les propagandistes, les sophistes néo-hitlériens et les énervés de la sécurité, il y a les vrais tordus : les virtualistes. Ce sont eux qui tirent les ficelles (et les marrons du feu) des guerres actuelles en Irak, en Afghanistan et un peu partout. Les virtualistes, se sont les gens et les entités qui se hissent et se maintiennent au pouvoir en invoquant et en manipulant des menaces « virtuelles » .

La façon de penser et le mode d'action des virtualistes ont été fort bien décrits par Ron Suskind qui relataitles propos d'un proche (un « aide », comme ils disent) de la Maison blanche :

« The aide said that guys like me were "in what we call the reality-based community" […].
That's not the way the world really works anymore". "We're an empire now, and when we act, we create our own reality. And while you're studying that reality […] we'll act again, creating other new realities, which you can study too, and that's how things will sort out. We're history's actors... and you, all of you, will be left to just study what we do. » 


 

mercredi 5 mars 2008

DE LA DÉMOLITION CONSIDÉRÉE COMME L’UN DES BEAUX ARTS

C’était autour du 20 février dernier. Froid, mais soleil radieux… et « journée off » pour ma blonde et moi. On décide d’en profiter : départ du Centre-Sud, direction Vieux-Port, malgré les rigueurs du climat. Arrêt au Centre de design de l’UQAM, où il y avait une excellente petite expo d’affiches sur le thème « H2O, de nouveaux scénarios pour la survie », dont personne n’a parlé.
On sort du Centre, on tourne à gauche (et encore à gauche : un vieux réflexe politique !). On passe par la rue De-Boisbriand (« par-derrière les Foufounes »). Une merveille, cette rue peu connue, surtout en hiver : pas de chars, à peine quelques seringues, full tranquille et full soleil.
On émerge angle Sainte-Catherine et Saint-Dominique. Subito, fin de la tranquillité : du fracas, du bruit, du gravas qui virevolte, des « clôtures Mills » déployées un peu partout, une odeur de suie et de vieux papier-goudron déchiré. What’s up ? De la police, plein de monde avec des cellulaires et des oreillettes de walkie-talkies bien vissées dans le crâne… S’agit-il d’un de ces tournages ciné dont, nous dit-on, Montréal a tant besoin ? Non : il y a des kodaks de nouvelles, mais pas de « vrais kodaks de film », pas de loges mobiles, pas de catering, pas de grip-truck, pas de honey-wagons. So…
On regarde, on se rappelle les communiqués de presse reçus la veille, et on comprend : c’est le bon maire Tremblay en pleine photo-op pour la démolition de l’édifice situé au 2-22 Sainte-Catherine Est. Étape importante, paraît-il, pour le projet du « Quartier des spectacles ».
En effet, la machinerie s’affaire à l’angle des « deux Mains ». Les travaux de démolition se font à la va-vite… et même à la va-comme-je-te-pousse ! À vue de nez, une demi-douzaine d’infractions aux règles de sécurité les plus élémentaires.

Le maire, les attachés politiques, les gens des médias et les simples passants respirent du toxique à pleins poumons. Le maire sourit pour les kodaks. J’imagine le soundbite : « I love the smell of coal-tar in the morning… »

Je ne peux m’empêcher de lui dire en passant : « Ils pourraient quand même arroser les débris pour contrôler la poussière. » Et son honneur de me rassurer : « Ils arrosaient tantôt. » Ben sûr, ben sûr…

Tout de même, la journée est jeune et belle. On descend Saint-Laurent (ou ce qui en reste), direction Vieux-Port. Plein milieu de semaine, pas de relâche scolaire et full frette : il n’y a presque personne, sauf les équipes techniques qui s’échinent à installer, pour la plus grande gloire de quelques promoteurs, la quincaillerie du Festival Montréal en lumière. Mais l’air cristallin des bassins du port a un vilain arrière-goût : on a encore sur nos vêtements, sur la peau, dans le nez et dans la bouche les relents de la démolition du « 2-22 ».
Le soir, on regarde les nouvelles télé : les shots de la démolition du 2-22 sont superbes. Je pitonne la télécommande pour enclencher l’option « odorama », mais il n’y en a pas. Moi qui croyais que la télé moderne captait tout, même les odeurs. Grand naïf, va !

N’empêche : à la télé, la démolition du 2-22, c’était beau et ça ne sentait pas mauvais. Même que ça sentait à plein nez l’espoir dont le maire et les autres parlent tant quand ils essaient de nous vendre leur Quartier des spectacles.
En regardant ça, je me suis dit : on aurait donc dû rester à la maison et regarder la télé. Comme ça, on croirait peut-être encore au maire et à ses projets. Et on aurait peut-être encore un peu d’espoir.

Paul Béland
Montréal

Lettre à l’éditeur de The Economist

Notes explicatives: le vénérable périodique britannique publiait, dans son edition du 7 février 2008, un article traitant de la guerre des motards qui sévit en Colombie-Britannique. L’auteur de l’article suggérait que cette province devrait s’inspirer de l’expérience du Québec en la matière… il a bien fallu répondre…
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SIR — “Gangland” (February 7) mentions “Quebec’s success in tackling biker gangs”. While it is true that the “provincial government has spent more than C$115m over the past decade on special teams of prosecutors and police and a fortified court, arresting 134 bikers and convicting most of them”, current events tend to demonstrate that, to quote Bob Dylan, “there’s no success like failure…”
First, some simple math: $115m/134 convictions = $858,209 per conviction, not factoring in heating, maintenance, devaluation and the rest for the fortified, hi-tech and seldom used courthouse. This could be acceptable if there were lasting results and/or measurable success. But such is not the case.
The convicted bikers (except for the very top leaders) are getting out of jail on parole or probation at a steady pace. Barred from entering the United States, some of Québec’s Hells Angels are setting up shop in the Dominican Republic, a most convenient base of operations for money laundering and a great way-station for drug-related shipping/receiving operations.
Meanwhile, back on the streets, the drug trade, with its constantly evolving business model, is as flourishing as ever. In and around Montréal, young people driving SUVs and wearing the latest in men’s wear get shot, mugged or knifed in some of the seediest dives as well as in some of the swankiest venues. In an easily accessible section of Parc du Mont Royal, widely known as “the pharmacy”, business is brisk, even in sub-zero weather and knee-deep snow.
British Columbia should definitely not follow Québec’s example. Just like Québec, it should listen to the voices of reason (The Economist’s among others), and simply legalize drugs.

Paul Béland
Montréal